Hamza 

Étudiant au doctorat en génie civil à Polytechnique Montréal

Un texte d’Émilie Thibault 

Hamza Babanas

Cuisiner l’argile avec de la chaux

La plupart des zones habitées du Québec se trouvent sur du sol argileux, un type de sol aux propriétés mécaniques loin d’être idéales pour soutenir des infrastructures. Pas surprenant donc que sur les chantiers de construction on préfère excaver ce sol pour ensuite le déplacer vers un site d’enfouissement et le remplacer par de la roche et du sable. Une opération coûteuse tant en termes de ressources qu’en impacts sur l’environnement.

Pour éviter cet écueil, de nombreuses techniques d’amélioration des sols ont été développées au fil des années, notamment le traitement des argiles avec de la chaux pour créer un produit plus solide.

Dans le cadre de son projet de recherche, Hamza teste une nouvelle approche : utiliser des résidus de fours à chaux en remplacement de la chaux. Une alternative qui offrirait une voie de valorisation intéressante pour ce produit. Mais la coupe est encore loin des lèvres, explique le jeune étudiant. « Le défi avec l’argile, c’est sa complexité », dit-il. « Il n’y a pas qu’un seul type d’argile et il faut bien le caractériser pour savoir comment travailler avec lui. »

Pour comprendre avec quelle matière première il travaille, Hamza caractérise d’abord ses échantillons d’argile. Constitution granulométrique, minéralogie, composition chimique et organique : une série de facteurs sont pris en compte.

Tel un chef cuisinier, Hamza détermine ensuite les paramètres optimaux de ses recettes afin d’obtenir le produit le plus solide possible, peu importe le type d’argile. Quantité de chaux ou de résidus des fours à chaux, teneur en eau, température du mélange, méthodes de traitement et de compactage : aucun paramètre n’est laissé de côté.

À terme, les recettes qu’il développe pourraient non seulement trouver des applications sur les chantiers de construction, mais aussi ouvrir la voie à la création de nouveaux matériaux de construction, selon lui. « En améliorant la résistance de l’argile, on se donne plusieurs nouvelles possibilités », dit-il. « On peut même l’envisager comme substitue au sable pour les constructions routières ou pour construire des bâtiments. »

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