Kevin L’Espérance

Étudiant au doctorat en santé publique à l’Université de Montréal

Kevin L'Espérance

Pouvons-nous prévenir ou retarder l’apparition d’un cancer? C’est une question qui alimente mes recherches depuis une douzaine d’années.

Plus jeune, j’ai rapidement réalisé que certaines de mes habitudes de vie influençaient ma santé et mon bien-être. Par exemple, lorsque je ne mangeais pas assez ou lorsque je ne dormais pas suffisamment, j’étais moins bon dans la pratique de mes sports. En retour, j’étais moins concentré, productif et efficace dans mon quotidien. Déjà, ce lien entre mes habitudes de vie et ma condition physique ou mentale m’intriguait. Depuis, mes recherches se sont construites sur ma conviction qu’il est possible d’influencer notre risque de développer un cancer en modifiant nos habitudes de vie.

Comme épidémiologiste, je m’intéresse particulièrement au cancer de l’ovaire, le plus létal des cancers gynécologiques au Canada. En comparaison à d’autres cancers, relativement peu de personnes survivront leurs diagnostics. En effet, la plupart des nouveaux cas de cancer de l’ovaire sont détectés à un stade avancé où les traitements sont limités. Par conséquent, une stratégie intéressante serait de prévenir la survenue des cancers de l’ovaire en agissant sur ses causes. Or, peu de causes du cancer de l’ovaire sont connues. Ma thèse de doctorat porte sur une cause probable du cancer de l’ovaire, soit l’excès de masse grasse. Si cette dernière se révèle augmenter le risque d’avoir un cancer de l’ovaire, en limiter son exposition pourrait représenter une cible intéressante en prévention du cancer.

Dans mon quotidien, j’utilise donc des données sur la population et des outils statistiques pour étudier la relation entre la masse grasse et le risque de cancer de l’ovaire. Plus précisément, je développe des modèles mathématiques causaux qui considèrent différentes périodes de la vie, comme l’enfance ou la jeune vie adulte. Par exemple, une des hypothèses de mon projet est que la masse grasse plus tôt dans la vie aurait un impact plus grand sur le risque de développer un cancer de l’ovaire que la masse grasse plus tard à la vie adulte.

Au-delà de mes recherches épidémiologiques sur le cancer, j’accorde une grande importance aux transferts de mes connaissances, que ce soit dans mes activités d’enseignement ou dans mes activités diverses de vulgarisation des sciences. À titre de scientifique, je crois qu’il est essentiel de former la relève avec passion et rigueur, mais aussi de piquer la curiosité du public envers la chose scientifique. Cette forme de science engagée permet d’ouvrir le dialogue avec les diverses réalités et de faire avancer la recherche plus efficacement.

À terme, le travail scientifique d’un épidémiologiste comme moi est d’expliquer ce qui peut influencer les maladies comme le cancer. En comprenant mieux les causes des maladies, il nous revient de décider ce qu’on peut faire de ces connaissances pour améliorer la santé et le bien-être au niveau des collectivités.

Kevin L’Espérance effectuera deux communications orales au 90e Congrès de l’Acfas : « Évaluation de l’impact de l’erreur de classification d’une variable d’exposition binaire dans les études d’observation : une analyse probabiliste et automatisée » et « La santé mentale et l’accès aux soins des personnes LGBTQ+ migrant.e.s et racisé.e.s ». Cette deuxième communication sera présentée au colloque 633 Enjeux et pratiques auprès des personnes LGBTQ+ migrantes et racisées, le 11 mai prochain.

Partager cet article